Communiqué : Loi Sauvadet, une arnaque de plus !
La fonction publique emploie plus
de 890 000 non-titulaires dont 165 500 pour la seule Éducation nationale Ce qui
fait de notre employeur le premier employeur de précaires en France… de loin et
depuis longtemps !
Le ministère a prétendu résorber
la précarité par la loi Sauvadet du 12 mars 2012 mais elle ne concerne en
réalité que 17% de ces non-titulaires et seulement ceux en poste au 31 mars
2011. L’Union syndicale Solidaires, dont est membre SUD éducation, a refusé de
signer ce prétendu « accord » pour la résorption de la précarité qui n’est en
réalité qu’une arnaque de plus !
Car loin de combattre la
précarité, cette loi nous précarise tous : elle organise une contractualisation
accrue par le CDI de la fonction publique. C’est un recul par rapport au statut
de fonctionnaire. Fragiliser des collègues par leur statut nous fragilise tous.
Nous ne devons pas accepter cette division qui a déjà sévit ailleurs, comme à
La Poste où ce type de contrats est devenu aujourd’hui majoritaire.
SUD éducation Loiret revendique
la titularisation et le réemploi de tous les précaires laissés sur le carreau à
cette rentrée dans l’Académie !
Pétition 2012 : quel changement pour les
50 000 précaires de l’ESR ?
Aucun changement n’est prévu
visiblement... La précarisation galopante de l’enseignement supérieur et de la
recherche depuis de nombreuses années, amplifiée au cours du dernier
quinquennat (CDD, vacations, travail au noir, libéralités, statut
d'auto-entrepreneur...), est la grande oubliée des Assises de l’ESR. Alors que
les précaires se mobilisent depuis longtemps (encore récemment à Montpellier,
Nice, Toulouse, Strasbourg, Poitiers, Nantes...), ils et elles n'apparaissent qu'à
la marge du premier texte de synthèse diffusé par le Ministère :
* Aller « dans le sens de la
simplification et dans celui de la coopération, à l’opposé des concurrences »
entre établissements et entre équipes ? Oui ! mais pourquoi pas aussi celles
des statuts d’emploi contre l'individualisation des carrières ? Le remplacement
des postes titulaires par des vacations (payées à l'heure, sans droit au
chômage ni aux congés payés) et des CDD (le plus souvent courts, sous-payés et
rendant impossibles les progressions de carrière) n'aide pas au développement
des « coopérations »...
* « Améliorer les méthodes
pédagogiques et l’encadrement des étudiants » ? Bien sûr ! mais avec qui ?
Quelques titulaires gérant la pénurie et une armée d'enseignant.e.s précaires
changeant d’établissement et d’enseignements tous les six mois ? Des
secrétaires qui doivent partir au bout de six mois ou un an, sans que leurs
savoir-faire ne soient transmis aux suivant·e·s ?
* « Revenir sur les effets de la
systématisation du financement par projets » ? Evidemment ! mais s'il y a bien
une « question de responsabilité des auteurs de projets et des employeurs », le
problème de fond ne reste-t-il pas celui de l'épuisement des financements et
des postes pérennes ?
* « Faire des propositions
concrètes contre le harcèlement sexuel » ? Il serait temps ! mais cela ne
suppose-t-il pas de mettre fin à la précarisation généralisée qui favorise la
reproduction des rapports de pouvoir, ce qui nuit particulièrement aux femmes et
aux groupes discriminés ?
Le gouvernement est-il aveugle et
inconséquent ? Un chapitre entier sur la précarisation aurait dû être prévu
dans les thématiques prédéterminées par le Ministère, tant elle est au coeur de
l'empilement des réformes récentes et gangrène l'ensemble de l'ESR. La
précarisation est de plus en plus massivement partagée, elle est sur le point
de devenir une norme qui met en cause l'égalité de traitement entre les
individus et mine la liberté d'initiative propre au travail de recherche. Avec
les statuts et les carrières, en France comme ailleurs (voir les mobilisations
en Suisse, en Espagne…), ce sont les conditions de travail au quotidien qui se
dégradent individuellement et collectivement, au détriment des missions de
l’enseignement et de la recherche.
Le gouvernement est-il sourd et
amnésique ? Cela fait des années que les précaires se battent pour faire
entendre leurs voix, et la précarisation est depuis près de dix ans au coeur de
luttes collectives :
* en 2004, pour refuser le
remplacement d'emplois statutaires par des CDD, des directeur·trice·s de
laboratoire avaient menacé de démissionner en masse. Le gouvernement de droite
de l'époque avait alors créé 2 500 postes ! Alors que la Gauche planifie pour
les années à venir la destruction des postes orchestrée par les Ministères
Pécresse et Wauquiez.
* en 2009, la mobilisation des
personnels universitaires et des étudiant·e·s nous a rassemblé·e·s pendant
plusieurs mois. Elle a permis notamment de mener une enquête nationale sur la
précarité dans l'ESR qui a montré qu'un quart des personnels occupaient alors
un statut d'emploi précaire, c’est-à-dire environ 50 000 personnes sur
l’ensemble du territoire. Des secrétaires, des cuisinier·e·s, des
informaticien·ne·s embauché·e·s en CDD dix mois sur douze depuis parfois plus
de dix ans : l’interruption des deux mois de vacances, sans salaire, permet aux
universités de contourner l’obligation de pérenniser des contrats après six
années d’embauche consécutives. Des enseignant·e·s rémunéré.e.s en vacations,
mode de rémunération par lequel les établissements publics économisent sur les
cotisations chômage de leurs personnels. Des docteur·e·s sans poste qui,
courant après des contrats de quelques mois, s’éparpillent d’un objet de
recherche à l’autre, contraint·e·s d’utiliser les indemnités de chômage pour
financer leurs recherches entre deux contrats. Des ingénieur·e·s et des
technicien·ne·s qui travaillent trois ans sur des plate-formes et sont
remercié·e·s pour organiser une rotation des sans-droits.
Que reste-t-il aujourd’hui de nos
revendications et de nos propositions dans les orientations prises par le
gouvernement ? Que fait la Gauche, au pouvoir, des mouvements sociaux qui ont
nourri la réflexion collective sur l'enseignement supérieur et la recherche ?
Comment imagine-t-elle lutter contre les inégalités sociales et territoriales
entre les étudiant·e·s en participant à la dégradation des universités et des
laboratoires ? Les précaires doivent-ils payer le prix de « la crise » alors que
l'ESR survit tant bien que mal depuis plusieurs années sur leur dos ?
Oublieuses des questions les plus
urgentes, les Assises sont organisées à la hâte, sans réelle consultation des
principaux acteurs et actrices de l'ESR et dans une telle opacité que les noms
des personnes participant aux « comités de pilotage territoriaux » ne sont même
pas rendus publics : sur le fond comme sur la méthode, elles sont un
rendez-vous démocratique manqué.
Refusons de rester assis·es,
levons-nous pour faire entendre nos voix !
Pour une intégration immédiate
des précaires bien au-delà des critères limitatifs de la loi Sauvadet.
Pour la création de 5 000 postes
dès 2013, et l'établissement d'un plan pluri-annuel de création d'emploi
(toutes catégories professionnelles).
Faire nombre offrira une
alternative aux organisations, collectifs, organismes, individus... engagé·e·s
malgré eux, malgré elles, dans les Assises : réapproprions-nous notre avenir !
Rassemblons diagnostics et
propositions au niveau de nos établissements et régions,
Et le 26 novembre prochain,
premier jour des « Assises nationales »,
retrouvons-nous devant le Collège
de France pour fédérer nos propositions et nous imposer dans le débat !
AG des personnels du site CNRS
Pouchet, Paris 17ème, octobre 2012
contact: appeldes50000@gmail.com
facebook:
http://www.facebook.com/appel.cinquantemille
twitter: @appeldes50000
Autre post sur le même thème : Communiqué IS 23/11/12 : Précaires ESR : Un premier pas, mais la situation reste dramatique
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire