Dans la République du Centre du 13 mars 2015, le Président de l'Université d'Orléans annonce une COMUE (Communauté d'Universités et d'Établissements) "à la californienne".
Cette COMUE comprend les universités de La Rochelle, Limoges, Orléans, Poitiers et Tours, les écoles d’ingénieurs Insa Centre Val de Loire et l’Isae-Ensma et les organismes de recherche présents localement (CNRS, BRGM, Inserm, Inra, etc.). Les membres fondateurs de la Comue à cheval sur Limousin, Poitou-Charentes et Centre ont adopté ses statuts à marche forcée entre le 20 et le 30 janvier 2015. Outre undoctorat unique et une signature commune "pour la production scientifique des établissements membres, associés et partenaires", les statuts listent 19 autres compétences dont le portage du contrat pluriannuel de site (e.g. projet d’isite), la stratégie de formation et de recherche, la politique numérique, l’accréditation de masters internationaux.
Comme dans la chanson des Eagles, il y a l'envers du décor. Derrière la façade où, nous dit-il, "chacune des universités peut être une excellence toute seule ou avec les autres" où se cache une pénurie de moyens, des économies d'échelle et des conditions d'études et de travail qui se dégradent.Cette COMUE comprend les universités de La Rochelle, Limoges, Orléans, Poitiers et Tours, les écoles d’ingénieurs Insa Centre Val de Loire et l’Isae-Ensma et les organismes de recherche présents localement (CNRS, BRGM, Inserm, Inra, etc.). Les membres fondateurs de la Comue à cheval sur Limousin, Poitou-Charentes et Centre ont adopté ses statuts à marche forcée entre le 20 et le 30 janvier 2015. Outre undoctorat unique et une signature commune "pour la production scientifique des établissements membres, associés et partenaires", les statuts listent 19 autres compétences dont le portage du contrat pluriannuel de site (e.g. projet d’isite), la stratégie de formation et de recherche, la politique numérique, l’accréditation de masters internationaux.
Le désengagement de l'Etat
Ultime étape de l’autonomie des Universités, les dispositions de la loi Enseignement Supérieur et Recherche (ESR) 2013 engagent l’ensemble des établissements d'Enseignement Supérieur et de la Recherche à coordonner, sur un site académique ou inter-académique, « leur offre de formation, leur stratégie de recherche et de valorisation » avec trois possibilités : la fusion, la communauté, ou l’association à un autre établissement. C’est le second choix qui a été fait par nos établissements. Le désengagement de l'Etat du service public d'Ensseignement Supérieur et de Recherche a des conséquences directes sur nos conditions d'études et de travail. Dans les établissements de l’ESR, ce sont des millions d'euros qui manquent pour pouvoir fonctionner correctement. Avec les COMUE on met clairement le pas dans une régionalisation de l’ESR.
Une question de taille
Une question de taille
Le second élément qui fait peur, c’est la taille de certains de ces regroupements dont le nôtre, parfois sur des territoires immenses avec des sites très éclatés. Pourquoi les araignées géantes des films d’horreur ou les Lilliputiens que découvre Gulliver au cours de ses voyages ne se rencontrent jamais « en vrai » ? Parce que dans la réalité, la taille n’est pas un paramètre que l’on pourrait fixer à volonté : chaque être vivant n’est viable qu’à l’échelle qui est la sienne. En deçà ou au-delà, il meurt, à moins qu’il ne parvienne à se métamorphoser. Il en va de même pour les sociétés.
Et un mammouth de plus, bien engraissé par une multicouche institutionnelle !
Cette modalité de regroupement rajoute une strate dans la mille-feuille administrative, composée d’un Conseil d’administration, d’un Conseil académique et d’un Conseil des membres. À l’échelle de nos régions, on imagine aisément ce que cela produira en termes d’éloignement de ces nouveaux administrateurs des personnels. La COMUE ce sera moins de libertés académiques mais du travail en plus, une superstructure supplémentaire qu’il faut gérer et un pilotage par le haut.
Une pénurie de moyens
En outre, la COMUE concurrencera ses établissements membres pour ses ressources financières et induira une économie d’échelle, de moyens et de l’offre de formation. La lecture des statuts ne permet cependant pas de se faire une idée précise de la répartition des compétences entre la COMUE et ses établissements membres.
Chaque université devra en effet renoncer à choisir elle-même son offre de formation qui se décidera au niveau de la COMUE négociant directement avec le ministère. Concrètement cela signifie la menace d’une restriction des enseignements sur chaque site, pour n’offrir certaines spécialités que dans un seul endroit, au détriment du service public et des étudiants, forcés d’aller dans une ville éloignée ou de renoncer à leur choix d’études.
Quand on célèbre actuellement la réussite de la sonde Philae, on oublie de préciser que celle-ci a été développée dans la décennie précédente et non pas ces dernières années où l'université peine à trouver l'argent pour boucler le budget.
Economies d'échelle dans les formations de Master : derrière l'écran
Si les Licences ont vocation à rester dans les établissements, il en va autrement des Masters. La répartition de ces filières à Bac+5 se fera au cas par cas selon les universités à l'horizon 2018. Ainsi, on peut s'attendre à la disparition de nombreuses filières non "rentables" (comprendre : destinées à former une main d'oeuvre directement employable par les entreprises), à la généralisation des cours "à distance" pour la formation des enseignants...
Une étape de plus vers le chaos?
Et surtout, comment imaginer un quelconque effet positif pour un regroupement de cinq universités (Orléans est situé à 350 km de La Rochelle !!!) alors que le regroupement des universités d'Orléans et de Tours au sein du PRES Val de Loire est un fiasco admis de tous. Concrètement, que va devenir notre COMUE ?
Et un mammouth de plus, bien engraissé par une multicouche institutionnelle !
Cette modalité de regroupement rajoute une strate dans la mille-feuille administrative, composée d’un Conseil d’administration, d’un Conseil académique et d’un Conseil des membres. À l’échelle de nos régions, on imagine aisément ce que cela produira en termes d’éloignement de ces nouveaux administrateurs des personnels. La COMUE ce sera moins de libertés académiques mais du travail en plus, une superstructure supplémentaire qu’il faut gérer et un pilotage par le haut.
Une pénurie de moyens
En outre, la COMUE concurrencera ses établissements membres pour ses ressources financières et induira une économie d’échelle, de moyens et de l’offre de formation. La lecture des statuts ne permet cependant pas de se faire une idée précise de la répartition des compétences entre la COMUE et ses établissements membres.
Chaque université devra en effet renoncer à choisir elle-même son offre de formation qui se décidera au niveau de la COMUE négociant directement avec le ministère. Concrètement cela signifie la menace d’une restriction des enseignements sur chaque site, pour n’offrir certaines spécialités que dans un seul endroit, au détriment du service public et des étudiants, forcés d’aller dans une ville éloignée ou de renoncer à leur choix d’études.
Quand on célèbre actuellement la réussite de la sonde Philae, on oublie de préciser que celle-ci a été développée dans la décennie précédente et non pas ces dernières années où l'université peine à trouver l'argent pour boucler le budget.
Economies d'échelle dans les formations de Master : derrière l'écran
Si les Licences ont vocation à rester dans les établissements, il en va autrement des Masters. La répartition de ces filières à Bac+5 se fera au cas par cas selon les universités à l'horizon 2018. Ainsi, on peut s'attendre à la disparition de nombreuses filières non "rentables" (comprendre : destinées à former une main d'oeuvre directement employable par les entreprises), à la généralisation des cours "à distance" pour la formation des enseignants...
Une étape de plus vers le chaos?
Et surtout, comment imaginer un quelconque effet positif pour un regroupement de cinq universités (Orléans est situé à 350 km de La Rochelle !!!) alors que le regroupement des universités d'Orléans et de Tours au sein du PRES Val de Loire est un fiasco admis de tous. Concrètement, que va devenir notre COMUE ?
SUD-Éducation appelle à la mobilisation. Dans plusieurs établissements, les personnels et les étudiants résistent et se mobilisent. À Paris Sud, ils luttent pour sauver leurs formations – avec le maintien du recrutement d’ATER- et leur budget. À Paris 13, personnels et étudiants se mobilisent et agissent contre des suppressions de postes, à Paris 8 pour les salaires et les conditions de travail. À Lyon 2, tous s’élèvent pour défendre les conditions de travail des vacataires et par là même la qualité de la formation des étudiants.
Contacts :
sud.univ.orleans@gmail.com
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